Digital Detox : Décrocher sans couper – partie 2

Les outils digitaux (smartphone, I Pad, PC, Mac ..) ont envahi notre vie avec notre consentement.
Ils étaient censés être des outils mais nous sommes devenus leurs outils.

Selon un rapport du Credoc, 41 % des utilisateurs français déclarent avoir du mal à se passer d’Internet plus de trois jours. Ils sont 62% à avoir envie de se déconnecter, selon une étude de Havas Média.

Les aspects les plus positifs que les français associent à l’image de leur smartphone sont :

  • La possibilité de se connecter à Internet n’importe où
  • La fonction image/vidéo
  • La fonction GPS

L’email et le sms (pour les milleniums) sont devenus les outils de communication préférés pour un usage professionnel et personnel.
Au niveau individuel, les addicts des outils digitaux sont souvent exposés au travail en débordement (surcharge) et travaillent fréquemment au-delà de l’horaire habituel, au domicile, ce qui peut engendrer des situations d’épuisement professionnel et de tension au niveau familial.

En l’absence de régulation formelle (droit à la déconnexion) et/ou d’écologie personnelle, c’est souvent l’entourage qui impose des limites de temps.

Au niveau de l’organisation, les outils digitaux contribuent à transformer les normes de disponibilité avec une pression du temps réel et de l’immédiateté.

La multiplication des outils de communication à distance contribue à la généralisation d’un travail « hors murs » et à la banalisation du travail à distance (chez soi, chez un fournisseur, chez un client, dans un moyen de transport).

Pour 73% des cadres (Etude du Credoc), la consultation de la boîte mail (perso et pro) se fait avant l’arrivée au bureau.

Force est de constater que l’outil (smartphone, ordinateur, I pad…….) n’est pas un problème en soi, c’est la façon dont on s’en sert et notre relation à lui qui peut être addictive.

Alors, comment reprendre le contrôle ?

Il ne s’agit pas de céder à la déconnexion touristique des « camps de désintoxication aux écrans » made in USA ou de multiplier les « no emails Friday » en entreprise mais bien de prendre conscience de notre conditionnement inconscient à une utilisation addictive pour mettre en place de véritables stratégies de réajustement tout en renforçant l’agilité digitale.

 

Quelques leviers d’action en entreprise

Réaliser un diagnostic interne et /ou personnel des pratiques de communication et de management avec le digital.

Evaluer la charge de travail (charge prescrite, charge réelle, charge ressentie) pour réguler les situations de surcharge en définissant des priorités claires

Structurer: définir et mettre en place une véritable stratégie de communication digitale et une politique de communication interne

Partager le même langage : co-concevoir une charte de bon usage des pratiques d’utilisation et de communication digitales

Rassembler : sensibiliser par des actions de communication interne et externe

Maîtriser les outils et rationaliser leur utilisation :

  • Former les collaborateurs à l’utilisation technique de la messagerie
  • Diffuser les bonnes pratiques de communication

 

Quelques leviers au niveau individuel…….

Les différentes études menées sur ce sujet donnent des conclusions similaires : « les conduites de déconnexion apparaissent comme une volonté de maîtriser les technologies, elles sont toujours ponctuelles (le temps d’une soirée, d’une réunion) et la plupart du temps partielles (mode vibreur, filtrage, message d’absence) ».

Les addicts se sentent dépassés mais décrochent rarement, il ne s’agit pas pour eux de se déconnecter mais bien d’aménager leur connexion permanente.

Identifier son profil digital et ses pratiques :

  • Observer son comportement face aux notifications Facebook, jusqu’à quelle heure nous veillons le regard scotché sur nos mails ou rédigeons des messages en marchant sans prêter attention aux véhicules
  • Prendre conscience du nombre de fois où nous consultons nos messages (pendant et hors temps de travail),
  • Repérer les pulsions qui nous poussent à décrocher ou à lire un message pour revenir à l’instant présent, avant de décider, en conscience, de le faire ou non.

Travailler en mode déconnecté avec des tactiques de réajustement visant à reprendre la main sur la gestion du temps :

  • Se ménager des plages horaires sans connexion pour terminer un dossier important ou profiter d’un moment en famille ou entre amis
  • S’interdire le smartphone pendant des périodes ou dans des lieux : dans la chambre, à table, avant la fin du petit déjeuner… selon les habitudes de vie et les besoins

Sortir de la surcharge attentionnelle :

  • Désactiver les notifications de la plupart des applications
  • Utiliser le mode “ne pas déranger”
  • Recharger son smartphone loin de sa chambre et utiliser un réveil classique afin d’éviter la tentation de consulter son téléphone dès le matin (37% des sondés selon l’étude DELOITTE 2016 « Global Mobile Consumer Survey »)

En finir avec le FOMO (Fear of Missing Out), peur de manquer quelque chose et retrouver sa madeleine de Proust :

  • Reprendre la main sur la gestion du temps pour récupérer de vrais rapports avec son entourage
  • Réactiver son corps et son esprit : reprendre des activités culturelles ou sportives, être curieux de ce qui se passe aux alentours

C’est donc l’humain et l’organisation dans laquelle il travaille, et non la technique, qui devraient être au centre du débat, toute tentative de régulation unilatérale exposant à des stratégies de contournement.

L’objectif est de se doter d’outils pour une démarche de prévention des risques reposant sur la sensibilisation des managers, l’information et la formation des publics concernés.

Annie-Caroline Prunevieille partenaire d’Aerys Coaching
annie-caroline.prunevieille@cepia-prevention.fr