Digital Intox : Une addiction à risques – partie 1

L’hyperconnexion… une addiction comportementale ?

L’introduction massive et rapide, dès les années 1990, des TIC* a modifié en profondeur les conditions et l’organisation de travail.
« Déployées dans l’entreprise afin d’améliorer la gestion des opérations, de faciliter la communication et les décisions et d’accroître les performances » les TIC ont considérablement augmenté l’agilité et la transmission du savoir.
Le manager d’aujourd’hui est connecté et digital.
Le numérique lui permet d’abolir les frontières, d’impliquer et d’informer plus vite ses collaborateurs.
Son utilisation des TIC et son rapport au digital, tant personnel que professionnel, l’expose à des dysfonctionnements multiples dont, au premier rang, la surcharge informationnelle ou infobésité et l’hyperconnexion, addiction comportementale aux écrans.

Au niveau individuel et collectif, ce deux dysfonctionnements engendrent un ensemble de contradictions impactant les individus et leur santé au travail : plus d’autonomie et plus de dépendance, plus de liberté et plus de contraintes, plus de facilité et plus de complexité, des gains et des pertes de temps, des facilités liées à la technique et une intensification non reconnue de la charge de travail : « nous sommes libres de travailler 24 heures sur 24 mais la frontière entre le travail et la vie privée s’estompe ».

L’information est à la fois source de création de valeur et peut produire une baisse de productivité lorsqu’elle paralyse les processus de décision et d’innovation.
L’Ubiquité, cette possibilité grâce au digital, d’être présent partout simultanément peuvent priver des plages de repos nécessaires pour éviter l’épuisement professionnel.

La « surcharge informationnelle » et l’hyperconnexion ont des effets néfastes sur le plan physique et psychique :

– TMS, troubles de la vue, syndrome du canal carpien, maux de tête
– Troubles du déficit de l’attention (TDA)
– Peur de manquer quelque chose et de ne plus avoir le pouvoir (FMO)
– Syndrome de saturation cognitive (COS)
– Syndrome de dispersion professionnelle
– Addictions aux écrans (Nomophobie)
– Diminution de la performance intellectuelle par impossibilité de se préserver des plages de réflexion en étant toujours dans l’action
– Porosité de la vie professionnelle/vie personnelle avec une dégradation possible du climat familial et social
– Perte de satisfaction personnelle et de motivation au travail avec un absentéisme ou un présentéisme accru
– Manque de créativité et d’innovation par négligence du rôle de l’écrit dans le processus décisionnel
Les cadres, et en premier lieu, les cadres de proximité sont particulièrement exposés à ces risques.

37% des actifs ont du mal à se déconnecter en dehors du travail
81 % des cadres passent plus de 3H/jour en connexion
Un cadre effectue 68 tâches différentes par jour dont 12 à 15 entre 9H00 et 11H00, il est interrompu, en moyenne, toutes les 10 minutes.
(Etudes ELEAS octobre 2016)

Le multitasking (travailler sur un dossier important, tout en jetant un œil sur son Facebook ou son Twitter, en suivant les informations en ligne, en répondant, à l’occasion à un appel privé ou à un SMS…) se transforme, dans la vie personnelle et professionnelle en switching avec une très forte distractibilité numérique.

Il devient alors salvateur pour la bienportance des individus et pour les organisations de considérer un usage plus conscient et raisonné des technologies de l’information et de la communication pour prévenir ces conduites addictives liées à l’hyperconnexion.
Savoir repérer ces risques physiques, intellectuels et sociaux permet d’envisager des pistes d’actions pour « se déconnecter sans couper » en envisageant des techniques pour diminuer la dépendance…

A suivre dans le prochain article :
Digital Detox « se déconnecter sans couper : les pistes d’actions individuelles et collectives »

Annie-Caroline Prunevieille
Partenaire d’AERYS COACHING

*TIC  : Technologies de l’information et de le communication